Qui est APG ?

Le feuilleton à l'eau (d'épines) de rose

Qu'elle ne vienne pas me raconter des blagues ! Les autres d'accord, mais elle, elle a pas pu oublier. C'est moi qui l'ai appelée comme ça le premier. APG. Maintenant elle fait la fille avec ses grands gestes quand on lui demande. « Honnêtement je ne sais plus... Ça remonte à tellement longtemps. J'étais une enfant. J'ai oublié je crois.». D'abord t'es sûr que quand elle commence sa phrase par honnêtement c'est qu'elle va te raconter un bobard. Quand je l'ai connue elle disait pas honnêtement. Elle connaissait pas encore les adverbes. (Lire le 1er chapitre)

Chapitre 3 : La dernière fois que j'ai traité APG de garce

 — Excuse-moi, je suis en retard.
Tu parles qu’elle était en retard. Le train partait dans 3 minutes. Voiture 12. Il allait falloir remonter tout le quai avec ses talons hauts. Et sa valise toujours trop lourde.
— Elle est où ta valise ?
Avec APG on va se marier. On va d’abord l'annoncer à mes parents. C'est pour ça qu'on prend le train. Ils ont quitté Asnières quand papa a été à la retraite. Maintenant ils habitent Angers. Avec APG on n'habite pas très loin d'Asnières, un 2 pièces à Courbevoie. Un petit immeuble. Les voisins sont sympas. On déménagera quand on aura un bébé. Moi j'aimerai bien que ça soit l'année prochaine. APG dit que c'est un peu tôt. L’idéal serait qu'on reste dans le même immeuble. Un appart plus grand mais dans le même immeuble. Côté boulot ça va. Je gagne bien ma vie. Je suis chef de rayon dans un hyper pas très loin de la maison.
APG elle continue ses études. Elle étudie la littérature, un truc comme ça, mais encore plus spécialisée et à un super niveau. Pas comme le français au lycée. Là c’est à l’université. Encore que tu vas pas me faire croire qu’ils aient inventé de nouveaux écrivains depuis le lycée. Ou alors à l’université ils remplacent les écrivains morts par des vivants. C’est sans fin leur truc. C'est pour ça qu'APG n'a pas fini ses études.
Que je me marie, maman elle est folle de joie. Et puis elle connaît APG depuis qu'on est môme. Même si à cause de ça elle était pas très chaude au début pour que je me mette avec APG. C'était au début. Maintenant elle la trouve adorable. Faut la connaître un peu APG sinon évidemment elle peut avoir des réactions qui te surprennent. Moi je le sais. Un jour elle a emmené maman faire les magasins à Paris ; les boutiques de luxe ou presque. En tout cas des magasins où maman elle allait pas. Elle lui a fait acheter un jean super moulant et une chemise transparente. Des chaussures aussi, avec ces chaussures maman elle faisait 2 mètres de plus. Maman sur le coup ça l'a fait rire. Et puis quand elle est arrivée à la maison elle s'est mise à pleurer. Qu'APG s'était foutue d'elle, qu'elle disait, qu'elle avait voulu la déguiser en pute, tout ça, tout ça. Mais non c'était pour te faire plaisir, j'avais dit. Je l'avais serrée dans mes bras. Après ça allait mieux. Tu n'en parles pas à APG, tu jures, elle m'avait dit. Et elle, elle a jamais dit à Papa combien les fringues avaient coûté. Des histoires de filles, quoi.
— Elle est où ta valise ? J’ai répété.
APG était cachée dans un gros manteau de fourrure. On aurait dit un petit animal qui aurait revêtu son poil d’hiver. Il n’y avait que sa tête qui dépassait. C’est bien une idée d'APG que te prendre le train avec un manteau de fourrure. L'avion, je dis pas, mais le train. Même si c'est un TGV. Je me suis dit ça et en même temps je me suis dit que je ne l'avais jamais vu ce manteau.
— Je n’ai pas de valise, elle a répondu APG.
Elle a répondu ça comme si c’était normal. Dans la tête d’APG on devait voyager en train avec un manteau de fourrure mais sans valise.
— Mais ma chérie c’est complètement idiot, j’ai dit.
J’ai un peu avalé la fin de ma phrase. J’ai eu peur qu’elle réagisse mal au mot idiot. Avec APG, je vous le disais, on ne sait jamais.
Mais elle a bien réagi.
— Je ne pars pas, Julien.
Là j'ai avalé tous les mots de toutes les phrases qui auraient pu se présenter à mon esprit. Un grand vide. Et l'instant d'après dans ma tête ça s'est mis à remuer dans tous les sens. Il y avait des pensées qui se formaient, mais elles avaient la consistance d'un nuage et elles partaient immédiatement en fumée. Je crois que mon cerveau passait à l'état gazeux. J'ai quand même réussi à former une phrase type. Le genre de phrase qu'on garde en réserve pour les cas d'urgence. La phrase qui va rétablir le cours normal des choses quand ça s'est mis à aller de travers sans qu'on sache pourquoi. La phrase qui fait revenir à la vie normale. La vie où on s'aime, où on va se marier, où on va partager notre bonheur avec papa, maman… La vie où on aura un enfant. La vie où on aura un grand appartement. Avec un balcon.
— T’es pas sérieuse, APG ?
C’était ça ma phrase. J’ai tout de suite compris que j’avais commis une erreur en la prononçant. J’avais mis un point d'interrogation à la fin. J'aurais pas dû.
C’était le point d’exclamation qui convenait.
— J’ai rencontré quelqu’un !
APG, elle, avait mis un point d’exclamation. Elle maîtrisait la langue. Mieux que moi.
« Le TGV – numéro – 4589 – à destination de Nantes – va partir ! Prenez garde à la fermeture automatique des portes attention au départ ! »
La SNCF aussi en avait mis des points d’exclamation. Et eux ils étaient sérieux à la SNCF. Quand ils disaient qu’ils partaient, ils partaient.
Ce qu’il y avait d’agréable avec APG c’est qu’elle avait le chic pour joindre le geste à la parole.
Un grand type s’est approché d’APG. En blazer. Mais le gars ne ressemblait pas à un agent de la SNCF ; ou alors c’était le président de l’entreprise. Pour te dire mieux, il ne ressemblait même pas à un voyageur. Le gars n’avait jamais dû prendre le train ou il avait une ligne privée. Si on avait pas été Gare de Lyon, j'aurais dit qu'il venait de descendre de son yacht. Il était bronzé avec distinction. Les épaules larges. Le cheveu blond décoiffé, mais avec application. Je connaissais le genre. Il avait fait rugby. Fils de médecin. Non, encore plus : fils de chirurgien. Je suis sûr que je me trompais pas de beaucoup.
Dans le J’ai rencontré quelqu’un d’APG, c’était lui quelqu’un.
— Il faut qu’on y aille, ma chérie. Je suis hyper mal garé.
Il a dit ça en posant une main sur l’épaule d’APG. Elle s’est retournée vers lui. Là je voyais plus son visage, mais j’ai deviné qu'elle devait lui sourire. À la manière dont les yeux du type se sont illuminés, j'ai vu ça. Il avait dû faire un aller-retour dans ses yeux azur. T'étais plus le même après ça. Heureusement l'effet durait pas. En tout cas, ça dépendait des gars. Moi j'ai été irradié à vie.
— Je dis au revoir à mon ami et je te rejoins. Attends-moi !
Elle a pivoté ses yeux azur vers mes yeux kaki. Elle savait qu’elle retrouverait cette petite lumière dans mes yeux. Un néon en vérité. L’irradiation je vous ai dit.
— Je vais te dire au revoir.
Les choses étaient simples avec APG. On mourait sur scène, mais lorsque le rideau tombait tout le monde se relevait. Comme quand on était petit. On dirait qu’on n'était pas mort. Avec APG, les choses étaient simples. On se disait au revoir sur un quai de gare et personne ne prenait le train.
— Moi, tu sais ce que je vais te dire, j’ai fait.
— Je t’ai fait rater ton train. Je suis désolée… Tu sais je te téléphonerai tous les jours. Tu m’appelleras toi aussi ? On se dira tout ? D’accord ? Tu as vu mon manteau ? C'est Alexandre qui me l'a offert. On part à New York. Alexandre dit qu'il fait froid à New York à cette époque de l'année.
J’étais devenu l’Ami. Comme ça. En une seconde. Naturellement. Pas déshonorant. Même pas humilié. J’ai une bonne nature quand même.
— Tu es une garce, APG…, j’ai dit.

Évidemment ça l’a fait rire. Elle s’est mise à courir dans la gare, vers la sortie. Une main en l’air pour me dire au revoir. On voyait sa fourrure qui se balançait de droite à gauche dans la foule des voyageurs. Comme un lapin qui essayait d'échapper à un chasseur. Elle savait que je n'avais pas de fusil. J'étais un ami maintenant. Pas un chasseur.

Chapitre 2 : La première fois que j'ai traité APG de garce

 — Tu dirais que je suis mignonne ou que je suis belle ?
Elle m’avait demandé ça en pointant son petit nez pointu en l’air. Qu’est-ce que j’avais envie de poser un doigt sur ce nez. Fin, tout fin il était ce nez. Si on ne le regardait pas de profil on ne le remarquait pas. À cause de la transparence que je vous ai dit tout à l’heure.
— Alors ? Tu dirais quoi ?
Mignonne ou belle, je voyais pas la différence. C’était bien les deux, mais je pouvais pas dire ça. Ou répondre au hasard. Je sentais qu’il y avait un piège quelque part. Dans sa tête un des deux mots devait être plus fort que l’autre. C’était comme azur. Azur c'était mieux que bleu. Fallait le savoir.
— Si tu donnes la bonne réponse je t’embrasse…
— Hein ? Que j’avais dit un peu pris de court.
J’ai pas eu le temps de développer. Un blocage. Le manque de vocabulaire. Pire, quelqu’un venait d’effacer de mon cerveau tous les mots que je connaissais. Sauf un.
— Hein ? Que j’ai refait puisque c’était le seul mot qui me restait.
— Sur la bouche, elle a ajouté.
Ça m’a pas aidé à développer ma pensée. Des filles, j’en avais pas embrassé des masses jusque-là. Peut-être une. Et je suis large. Et puis pas une qui avait la peau transparente et un petit nez pointu. Et les lèvres d'APG, j'en n'ai pas parlé. Rosées comme une rose qui ne serait pas trop rose mais quand même. Sans t'approcher tu devinais qu'elles devaient sentir pareil que des fleurs. Elles avaient leur vie à elles les lèvres d'APG. Elles souriaient tout le temps même quand APG était triste. Ou faisait mine d'être triste. On savait jamais trop avec APG. Son nez on voulait le caresser, mais ses lèvres c'est sûr qu'on voulait les embrasser.
— Alors ? Elle a encore dit.
J’allais peut-être jouer le plus beau souvenir de ma vie sur une question, je pouvais bien prendre mon temps.
Pas croyable ce que j'hésitais. Mignonne j'avais peur que ça fasse un peu animal. Un jour papa avait ramené un petit chat à la maison, un bébé, et tout le monde disait, qu'il est mignon, qu'il est tout mignon…. Si elle avait eu des chatons, elle penserait que je la prends pour un chat. Et belle, je ne savais pas trop non plus. Papa, toujours lui, disait qu'il aimait Les Belles Voitures. J'étais pas sûr qu'elle apprécie les voitures. C'était une fille. On verra plus tard que je me trompais au sujet des bagnoles.
Et puis je me suis souvenu d’une poésie. Une que j’avais apprise deux fois. L’année dernière et cette année. La même parce que j’avais redoublé. Les profs ça n'aime pas le changement. A cause de ça, je m'en souvenais de cette poésie. Juste le premier vers en vérité. Vous connaissez peut-être, ça faisait : Mignonne, allons voir si la rose, etc, etc. C'est moi qui ajoute, etc. Les poètes ils n'emploient pas, etc. Sinon avec quoi tu veux le faire rimer ? Si j'étais pas sûr pour les voitures, la poésie c'était jouable. Une fille ça aime la poésie. Certain.
— Mignonne, j’ai dit finalement.
A la manière dont elle m'a regardée, j'ai compris que j'avais tout faux. Elle a rien dit mais y'avait pas besoin de mots. D'abord elle a exagéré son sourire et elle a mis ses mains sur les hanches. Elle a bougé son bassin de gauche à droite et elle a remué son nez. Enfin elle a levé plusieurs fois les yeux vers le ciel. Elle a fait cette dernière chose avec tellement d'insistance que moi aussi j'ai levé les yeux au ciel. Y'avait peut-être la réponse sur les nuages ? Quand il n'y a pas de mots on interprète. J'ai cru qu'elle voulait dire : « si t'avais été moins con t'aurais levé la tête ». Mais j'ai bien regardé, rien sur les nuages. En plus y'avait pas de nuages. Le ciel était bien bleu. C'était pas si courant au mois d'avril.
— T’es super nul, Julien.
J’aimais bien quand APG m’appelait Julien.
Le lendemain de ce jour au ciel radieux, j'ai croisé Vincent. Il avait le sourire du gars qui vient de voir la Vierge ; ou une autre star morte comme Michael Jackson par exemple. Vincent il aimait bien Michael Jackson. Pour la Vierge on en n'avait jamais parlé.
— Faut je te dise un truc ! il a dit Vincent pour dire qu’il allait dire un truc.
Vincent, ce jour-là, il avait un sourire de gars illuminé. C’était un peu exagéré ce sourire ; déjà qu’il avait une grosse mâchoire carrée, dès qu’il poussait sur le sourire ça faisait trop. La grosse mâchoire carrée c’était parce qu'il faisait du rugby. Moi j'avais choisi foot. Le foot ça fait plus travailler les jambes que les mâchoires. Alors j'avais des belles jambes. Pour ce que ça sert les belles jambes. Tu vas voir que les filles sont plus rugby que foot. J'ai jamais fait les bons choix.
— Elle m’a embrassé !
— Qui ? j’ai dit.
— Sur la bouche !
Je connaissais personne de ce nom.
— Mais si ! Me rappelle plus de son prénom. La nouvelle. Elle est arrivée la semaine dernière. C’est elle qui a la peau blanche comme un bonhomme de neige. Même qu’on n'avait jamais vu ça un bonhomme de neige aussi mignonne qu’elle.
J'ai pas eu besoin de le relancer. Vincent m'a tout raconté. Et ses lèvres qu'il avait failli mordre tellement elles lui faisaient penser à un fruit ; et sa langue qui avait le goût d'un chewing-gum. Et qu'elle sentait bon. Pas comme nous. Et toutes ces conneries, et toutes ces conneries, et toutes ces conneries….
— Tais-toi ! Je lui ai dit.
Vincent quand il était lancé, il s'arrêtait pas. Il avait appris ça au rugby. Et qu'elle lui a posé une question, « tu dirais que je suis mignonne ou que je suis belle ? » et qu'il a dit mignonne, au hasard mais sans hésiter. Et qu'elle l'a embrassé sans hésiter mais pas au hasard : sur la bouche. Il a encore ajouté plein de détails que je n'ai pas écouté. Je lui ai dit, salut, et que peut-être que demain je viendrai voir son père parce que je me sentais pas bien. Vincent c'était le fils du Docteur Mallard. APG elle a toujours eu un faible pour les fils de Docteur.
Même si je voulais pas, APG j’étais bien obligé de la revoir en allant au lycée.
Elle se tenait devant la grille en attendant que ça sonne. Elle était seule. Des amies elle n’avait pas encore eu le temps de s’en faire. Il faut quand même se dire qu’APG elle a jamais été très populaire auprès des autres filles. Comme ce jour-là avec son sourire reine du monde, sa lèvre insolente, elle facilitait pas le contact.
Moi j’y suis quand même allé au contact. Ce jour-là et les jours d’avant. La première fois qu’elle est arrivée à l’école, elle s’est assise à côté de moi. Direct, comme si elle m'avait choisi depuis longtemps. Je lui ai tout de suite souri. J'ai même dit « moi c'est Julien, tu t'appelles comment ? ». Là, la prof elle a dit, « Julien, taisez-vous, vous ferez connaissance plus tard avec votre nouvelle camarade ». APG elle a juste dit, tout bas « t'as pas une gomme ? ». Je lui ai dit, « tiens, je te la donne ». Sur la gomme il y avait mon prénom qui était marqué au bic bleu.
Donc là elle est devant la grille de l’école. Moi je suis devant elle. Elle fait semblant de fumer, mais elle a même pas une cigarette dans la main.
— J’ai mieux réfléchi à ta question, j’ai dit.
J’avais même pas la voix qui tremble.
— Bah, ça n’a plus d’importance.
— Pour moi, si.
— Tu as vu j’ai un nouveau pull.
— Tu sais ce que j’aurais dû répondre ?
— Il est de la même couleur que mes yeux. Tu avais remarqué ?
— Mignonne ou belle que t'as demandé… ? Et ben je dirais…
— Azur. Tu sais, comme le ciel.
— Je dirais que tu es une GARCE.
Elle a rien dit. J’ai eu peur qu’elle sache pas ce que voulait dire le mot garce. Déjà moi ça faisait pas longtemps que je savais. J’aurais été embêté pour expliquer. Surtout qu'elle avait planté ses deux grands yeux dans les miens et là c'était irrésistible. J'aurais répondu, je suis sûr, garce c'est mieux que belle ou mignonne… genre un million de fois mieux. Garce c'est un mot d'amour mais qui est plus grand que l'amour…
— Une petite garce alors, elle a dit.
Et puis elle a ri.
Les grilles du lycée se sont ouvertes. Elle a ramassé son sac et elle m’a fait un geste de la main. On aurait dit un baiser, mais je suis pas sûr.
— Une adorable petite garce…

Et puis elle s’est éloignée. Je l’ai regardée traverser la cour. Elle marchait comme dans un film avec la musique des violons autour d’elle. Même le vieux platane, qui en avait pourtant vu d'autres, n’en croyait pas ses yeux. Petite et Adorable, c’était tout elle. APG, Adorable Petite Garce.

Chapitre 1 : Azur

 Qu'elle ne vienne pas me raconter des blagues ! Les autres d'accord, mais elle, elle a pas pu oublier. C'est moi qui l'ai appelée comme ça le premier. APG. Maintenant elle fait la fille avec ses grands gestes quand on lui demande. « Honnêtement je ne sais plus... Ça remonte à tellement longtemps. J'étais une enfant. J'ai oublié je crois.». D'abord t'es sûr que quand elle commence sa phrase par honnêtement c'est qu'elle va te raconter un bobard. Quand je l'ai connue elle disait pas honnêtement. Elle connaissait pas encore les adverbes. Elle disait genre « Nan, je te jure... » mais c'était du bobard tout pareil. Que ça remonte à longtemps, je veux bien. On avait quoi ? 13 ans ? 14 ans à tout casser.
14 ans maintenant je me rappelle. On était en 4ème à Jules Ferry à Asnières. Moi j’avais redoublé alors peut-être que j'ai 15 ans. J'étais déjà plus grand qu'elle en taille. Faut dire qu'APG elle a jamais été très grande. Je te fais un portrait avec le souvenir. Mais moi j'ai le souvenir intact quand il s'agit d'APG. Elle était blonde. Pas un blond normal. Tellement blond que ça ressemble à du blanc. Et puis son visage encore plus blanc. Transparent on aurait dit. Je suis sûr qu'on pouvait voir à travers. Tellement transparent qu'il y avait presque pas d'ombre sur ce visage. C'était facile à dessiner. Tu faisais juste deux yeux bleus. Moi je disais bleu, mais elle, elle disait azur. Après j'ai dit azur comme elle. Et après encore, je l'ai traitée de garce.